De l'autre côté ...vers l'East side .

Bien sûr il faut rester active dans ses pensées et non pas victime de celles çi . Il faut ouvrir son regard d'automne sur les filets blancs qui suivent les grands avions , formant des croix dans le ciel , des traces qui filent vers le sud , l'ouest , le nord , l'Orient ou les dunes écrasées par le soleil .

Il faut une maitrise parfaite des évènements extérieurs à soi pour pénétrer le Monde et enfiler des cercles d'or imaginaires autour d'une baguette aux reflets irisés . Dehors elle sait que des millions d'hommes marchent , que se croisent des femmes , qui à l'instant même où elle l'écrit sont inconscientes de la vie qui depuis quelques heures , quelques jours , prend place dans le plus bel endroit de la planète qu'en anglais on appelle joliment : " the room ".

Il faut de l'espérance et du courage , une volonté quasi animale pour sortir de soi et empêcher les intrus de venir s'enivrer dans ses veines spasmées par les à  coups répétés . Elle repousse avec légèreté ses démons et revient inverser son chemin dans les entrailles de New York .

Aucune valise , un cabas au bout de sa main , béant de rien ...Ce voyage ne demande pas de bagage , c'est seulement un aller pour un ailleurs apprivoisé depuis des années qu'elle n'a pas revu depuis longtemps et qui dans l'éphémère bataille qu'elle mène contre ses angoisses et sa colère emmêlées  va lui apporter l'apaisement immédiat , celui qu'il est impossible de remettre au lendemain ...

Elle avance d'un pas qui s'ancre dans le sol bien décidée à rejoindre l'Upper East Side en coupant Central Park et elle abandonne Times square , remonte sur Brodway , rejoint la 57 street avant de retrouver les bancs des promesses amoureuses ,  les ballons rouges , les joggers épuisés , les couples enlacés .

Son IPod vissé dans ses oreilles , elle enveloppe sa marche d'une musique qui balance , et pas aprés pas elle reprend ses marques , celles qu'elle avait posé par des petits repères bien à elle , évaporées pour les autres et si présentes à ses yeux . De loin elle remarque la vieille , trés vieille dame aux pigeons ...Rien ne la surprend même si elle est assise comme la dernière fois , une salopette en jean élimé , un corsage écossais de trappeur, une jupe sortie de l'armée du salut enfilée par dessus , des mains enveloppées par quelques épluchures du Times , un cache oreille rose bonbon et un bonnet tricoté un soir de décembre par une étudiante de Columbia attendrie par le visage rebondi et si doux malgré les rides profondément marqués sur son visage aux couleurs rouges et violacées ...

Anne Chiffon fait un signe à la femme , c'était il y a vingt ans et pourtant elle était assise les jambes repliées sous le même banc et distribuait avec amour des pains et des baggels émiéttés . Tout le monde la connaissait , l'aimait et elle n'aimait que ses pigeons , ils avaient dû lui apporter bien du bonheur pour que chaque jour elle vienne là , s'asseoir , les nourrir et les caresser .

Arrivée à la hauteur de la 77 street , elle continua droit vers le Metropolitan .

Le vent se faisait plus piquant , une feuille virevolta devant son regard attiré par ses volutes , elle stoppa net sa marche et la feuille se posa à ses pieds . Délicatement elle l'a glissa dans un carnet broché entre deux feuillets .

Le jour déclinait , elle attrapa un hot dog , un café et frôla un homme qui lui fit l'effet d'un arrêt sur image , un ralenti enclenché .

A la porte le carillon  a sonné , son petit chou est enfin arrivé !!! Dans la cage de l'escalier il est monté enjambant les marches à la volée et se serra longuement contre son coeur . Elle l'attendait depuis le petit matin comme prévu et monsieur L ne l'a pas prévenue , elle est partie loin , loin pour que les larmes ne coulent pas et quand petit chou a pris entre ses deux mains le visage d'Anne Chiffon il lui a dit : "Ben Maman , pourquoi t'as des moustaches de Ketchup !!! avec son index il effaça d'un geste tendre la trace rouge et sucrée ...

Anne Chiffon

Comments

[belette]

On était loin nous aussi, parties avec toi... la dame aux pigeons, limite on lui a parlé. Ouf petit chou est de retour. et puis zappe M. L. zappe, le meilleur reste à venir.

Continue de nous écrire, égoistement pour nous, et puis le temps passe et il travaille dans le bon sens

[marijo]

Petit chou
ta merveille !
les enfants rendent notre vie plus douce
merci la vie !
Louise ma petite-fille du haut de ses 2 mois 1/2 réconcile tt le monde par ici
New-york
j ai foulé son sol en mai 2008 pour mes 51 ans
et c était bon ...

[Gaufrette]

enfin il est là te voilà apaisée

[Leocadie]

JE suis partie avec toi à la lecture de ton billet