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L'heure des thés d'ANNE CHIFFON .
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L'heure des thés d'ANNE CHIFFON .
24 octobre 2010

POUR AVANCER

Au pied de la montagne il n'y avait pas d'autre choix que celui de grimper ...Ayant eût cinq enfants j'ai obtenu sans difficulté mon agrément d'assistante maternelle et ai abandonné mon job dans la boutique de design . Ainsi je pouvais rester à la maison et ne pas laisser mes enfants livrés à eux mêmes .

Il m'est souvent arrivé de penser que si j'avais eut un travail nous n'en serions pas arrivés là , m'aurait t'il plus respectée , je ne sais pas car dans le fond c'est lui qui avait refusé que je travaille en m'interdisant de rentrer à Air France où j'avais été reçue quelques années auparavant . Je reconnais qu'être mère au foyer ne me déplaisait pas et qu'être auprés de mes enfants me convenait tout à fait , mes filles savent qu'il leur faut un travail , moi j'étais loin d'imaginer combien avoir été mère au foyer allait m'être fatal . Passé 45 ans on vous explique qu'on ne vous formera pas et aprés avoir été rejetée par celui que vous avez tant aimé vous vivez le rejet de la société parce que vous êtes déjà trop vieille . La gifle est lourde pour la joue qui la reçoit , elle met au sol la meilleure des volontés et le plus fort des optimismes .

Je me suis perdue de vue , totalement alors que nous rentrions de plein fouet dans la partie la plus abjecte de notre divorce .

Je refusais encore que notre séparation se termine ainsi, j'avais conscience de la gravité de notre situation mais croyais qu'aprés quelques mois , un ou deux ans peut être ...il allait réaliser à quel point il s'était trompé ...Mes bras auraient été prompts à l'acceuillir , à l'aimer encore pour le reste de notre vie . Comdamnée par lui et en pleine détresse je ne savais plus ce que je regrettais , si c'était lui ou notre vie passée malgré les horreurs que j'avais du surmonter ...Non je sais que je l'aimais encore ...Pour ma plus grande perte .

Les lettres se sont accumulées sur la commode de mon entrée , il y avait celles que je m'obligeais à lire malgré mes doigts crispés et le noeud qui se resserrait dans le fond de ma gorge , et celles que je poussais incapable d'en lire le contenu que j'imaginais trop bien ...nous étions entrés en guerre et les corbeaux rodaient au dessus de ma tête ...

Je ne dormais plus et les silhouettes des avocats , des huissiers , des notaires , des juges venaient hanter mes nuits ; je vivais dans la peur , terrifiée à l'idée de tout perdre et qu'ainsi sans toit il ne me sépare totalement de nos enfants ...

Son jeu fut plus subtil , il commença à attirer les plus grands vers Paris , vers la facilité et loin de leur maman qui tombait en pleine dépression . Mais savait t'il seulement qu'au delà de ma douleur j'arrivais à rire avec eux , j'arrivais à chanter et à tourner notre situation en parodies qui nous faisait pouffer de rire ...J'avais repris cette expression entendue dans un film des ramadans surprises ( je ne veux par là choquer personne ) , alors oui nous avions des fins de mois où seules les pâtes devenaient accessibles , pâtes au beurre , pâtes à la sauce tomate , au gruyère rapé puis pâtes sans rien ...

J'allais à bicyclette , qu'il pleuve ou qu'il vente chercher des denrées au prix le plus bas ,et les ramenais dans des cartons empilés sur mon guidon et sur le siège enfant à l'arrière de mon vélo ...Mais tout cela aurait été supportable si en même temps nos amis ne se mirent à me tourner le dos , mon ex belle famille à m'ignorer ( malgré mes appels au secours) , et les lettres à s'entasser pour m'avertir que "les biens de notre communauté " , autrement dit nos coups de foudre , nos vingt trois ans de souvenirs allaient être liquidés ...

Il me fallait accuser le fait que je devrais repartir de zéro , tout reconstruire et garder confiance mais en quoi , en qui . Certains de mes amis d'enfance ont à ce moment là délibérement décider d'entendre son seul discours , celui de l'homme malheureux qui a tout fait pour sa famille et qui n'en peut plus , celui d'un époux aimant obligé de partir pour se protéger , celui d'un père  qui préfère prendre la fuite plutôt que de faire face au massacre , celui d'un homme fatigué par cette femme qu'il avait fait de moi , une femme fragilisée , déprimée et perdue qui ne tenait au fil de sa vie que pour ses enfants , comment aurait t'il pu en être autrement quand elle avait su qu'il l'avait trompée , humiliée et détruite même au regard des plus grands .

Quand les enfants ont commencé à partir chez lui pour  les vacances je n'étais plus que l'ombre de moi même , petit chou avait tout juste trois ans , c'était encore mon bébé et le mois où nous fumes séparés l'un de l'autre j'ai cru que je ne pourrais jamais supporter son départ , je trainais dans le silence violent de la maison , ma vie n'avait plus aucun interêt , loin d'eux j'étais loin de moi ...A qui allais je pouvoir être utile , qui avait besoin de moi , qui allais je serrer dans mes bras et couvrir de baisers  , petite chérie était partie ausi suivie de grand chéri et de grande chérie ...

J'errais dans le petit jardin , je ne tenais pas en place et il m'est arrivé de m'endormir dans leur chambre , le visage contre leur lit pour être tout prés d'eux ...Je devenais comme un animal battu à mort et pourtant sans une trace sur le corps , aucun coup de visible , juste un coeur meurti .

J'ai alors fait des erreurs pour ne plus entendre mes pas résonner dans les pièces , je ne voulais plus de ce silence , je ne voulais m'évader de cette prison que je ne pouvais pas quitter sans avoir l'impression de m'éloigner encore plus de mes enfants ...la douleur était trop forte et moi je me suis effondrée . Quel crime avais je pu commettre pour être ainsi punie , ainsi isolée ?

J'appendrais aprés ces vacances qu'ils étaient allés à l'endroit où nous avions passé nos vacances depuis nos dix neuf ans , comme si de rien n'était ...Il aura alors commencé à courtiser devant nos enfants cette ex petite amie anglaise qu'il retrouvera encore plus tard à Londres et qui allait prendre sa place de petite amie insulaire malgré sa compagne officielle . Ce fut une douleur de plus , une douleur sourde qui m'atteignit au delà de tout , nos enfants témoins de la dérive de leur père ...ce fut comme une répudiation !!!

J'écris tous ces mots qui coulent comme le sang dans mes veines , le flot est intarissable , je me vide de toutes ces souffrances . Aujourd'hui je vais mieux et ces mots s'imposent à moi ...Le silence est là , petit chou est parti et mrs chérie est venue passer l'aprés midi avec moi ...Les années apaisent les maux mais pour en finir je sais que je n'ai pas d'autre choix que d'expier cette partie de ma vie qu'il m'a imposé en partant , je dois réparer les fêlures pour me réappropier ma vie , je dois panser les blessures et recoudre les plaies béantes , aprés et seulement aprés je pourrais peut être rencontrer la nouvelle femme que je suis désormais .

Anne Chiffon ( à suivre )

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Commentaires
B
Je ne vous connais pas mais j'ai lu les derniers commentaires et cela me rassure... Sachez que quoi qu'il arrive, vous aurez toujours l'amour de vos enfants et c'est inestimable!!! J'ai du retrouver du travail il y a un peu plus de quinze ans suite à notre divorce et c'est vrai que l'on reçoit plus de claques que d'encouragements. Je suis passée d'un amour passionné à une haine aussi grande... cela m'a été salutaire... cela m'a aidé à moins souffrir, une thérapie aussi! Et puis, de nouveau, la vie. Un compagnon, une maison, un jardin et toujours, toujours, mes enfants!!! Bon courage
C
poser les mots.;pour enfin poser les maux...<br /> je te sens mieux...et j'en suis ravie!<br /> bisous
B
je ne sais que te dire tellement j'imagine le sentiment d'impuissance que l'on peut eprouver.<br /> Mais la verite finit toujours par eclater, en attendant, c'est vrai, il faut retrouver une certaine serenite! Difficile, courage, Anne
V
je vous lis depuis longtemps et ce que je devine ce qui affleure dans ce retour vers le passé est l'émergence d'une Anne libérée enfin de ces entraves anciennes.<br /> vous êtes entrain de passer outre le poids de ce divorce je vous lis différente et presque apaisée<br /> j'ai aussi traversé bien des épreuves et j'ose écrire que je vous comprends <br /> je vous souhaite le meilleur être vous même dans la paix et prés de vos enfants<br /> <br /> Valérie
M
Heureuse de voir une lueur d'espoir à la fin de ce billet...J'ai une amie qui elle aussi a subi un divorce après avoir supporté la trahison d'un mari qui a toujours su sauver les apparences.Je ais sa douleur de passer pour la moins équilibrée du couple,la dépressive,la nocive presque alors que monsieur joue au père parfait avec un cynisme écoeurant.Je sais qu'avoir sa conscience pour soi et des amies qui vous renvoie la belle image de ce que vous êtes n'est pas toujours suffisant pour aller bien,parce que le sentiment d'un immense gâchis est tellement fort certains jours...<br /> Alors je me permets de vous écrire ce que je lui dis souvent :Tu mérites d'être heureuse,tu es une personne formidable alors courage et confiance!!!<br /> De douces pensées en ce début de vacances que je vous souhaite paisibles et joyeuses!
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