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A LA CROISEE DES PENSEES .
Sans cesse les mêmes cauchemars reviennent et la peur s'infiltre sans la moindre retenue , les souvenirs remontent comme d'un puit sans fond et sans limite .
Elle tape des mains , pousse les nuages gris , les ombres célestes et serre ses poings sur le souffle de la vie ...Non rien ne peut empêcher la vague d'angoisse de la happer , de la soulever et de la jeter dans le vide ...
Ses kilos en trop se sont installés pour lester ses peurs , ses rides qu'elle voulait de rires se sont creusées rendant son chagrin visible , ses murs se referment sur son souffle haletant . Elle est asphyxiée par ce qu'il a fait d'elle . Par ces cicatrices qu'elle cache , par ces inflammations qu'elle panse à coup de cachets , par ces aigreurs d'estomac qui la réveillent dans la nuit , par toutes ces terreurs qu'il lui a laissé le jour où lui s'en est allé . Pour rien au monde elle ne voudrait qu'il revienne , c'est un pas de géant cela , mais quand elle essuie les larmes qui coulent sur les joues de ses enfants la douleur revient plus forte , celle de la trahison et toutes les injections reçues comme autant de rappels qui la clouent au sol .
Cinq enfants , elle hurle alors qu'ils lui pardonnent ce père qui n'en est plus un , elle hurle tous les mensonges , toutes ces années dans le sillage d'une ombre absente ...Elle pleure en tombant sur toutes les adresses qu'il a , elle qui risque de perdre la sienne , elle relit les conclusions d'un jugement , revoit les photos , toujours les mêmes , les dernières d'une époque qu'elle croyait heureuse mais où le malheur avait déjà frappé avec les mensonges qu'il lui faisait , les maitresses qu'il voyait tout en rentrant en père conquérant aprés trois mois d'absence , il osait tout , amener la fille d'une d'entre elles au milieu d'eux ...EUx qu'elle croyait invincibles et juste doués pour le bonheur , il le lui répetait assez quand elle craquait , quand ses yeux malgré la joie débordait de larmes ou de fatigue ; quand elle a perdu ce bébé en elle et qu'il l'a alors traité comme un animal , pliée sur le sol de douleurs et de désespoir ...Il l'avait surnommée ' La jamais contente ' , elle qui est de celles qui dansent pour fêter le soleil comme la pluie , elle qui gonfle les ballons pour leur faire atteindre les étoiles devant les yeux de ses enfants émerveillés , elle qui trouvait des éclairs au chocolat géants pour y piquer les bougies de ses chéris ...
Oui l'avalanche de catastrophes en chaine est trop dure , la pente trop ardue .
Son frère , son père , son beau frère , sa nièce , ses deux amies de coeur et tout ce qu'elle tait ...Il y a eût trop de douleurs , il y a trop d'incertitudes , il y a trop de peurs et soudain la tempête s'est levée ...C'était hier soir et depuis le vent ne cesse de souffler ... Pardon dit t'elle à ses enfants , juste pardon elle qui vous aime tant ...
La mort et la maladie frappent de tous côtés , pas une semaine de répit , pas un mois sans croiser la peur depuis plus de six mois ...
" Tu crèves sur le trottoir et alors ..." , c'est juste devenu impossible , elle ne veut plus ...Et pourtant son coeur tape encore , pour ses enfants , pour ceux qu'elle aime tellement mais combien de tortures va t'elle devoir supporter encore ... L'obsénité de ses silences , de ses mépris l'ont dévastée et pourtant elle pensait qu'elle voyait mieux ...A la veille de nouveaux changements de vie et au milieu des drames elle perd pieds ...La victoire n'est pourtant pas loin mais si elle se retrouve cet été sans toit ??? Lui qui vit le pauvre chéri , entre Neuilly et le 8 ème arrondissement sans parler de leur pied à terre en Touraine et qui prétend être dans le besoin , risquer sa vie en roulant dans Paris sur son scooter et être un merveilleux père ...Comment ose t'il lui dire qu'elle crève sur le trottoir ...Elle qui lui a donné des enfants magnifiques , elle qui ne passe pas un jour , une heure sans s'inquièter pour ses enfants alors qu'elle les voit en bravant l'interdit qu'il a osé brandir " interdit a votre mère de venir chez vous puisque c'est chez moi !!!" faux , c'est chez leurs grands parents et comment un père peut t'il aller jusqu'à de telles horreurs ...Intimidant ? Menaçant ? Il ment à tous , à toutes et elle a failli en mourir de tous ses mensonges . Elle s'est relevée mais ses épaules et son coeur sont à jamais blessés , accablés par ces mots injustes et mensongers .. Dire qu'elle l'a un jour aimé ...Comme elle s'en veut , comme elle s'en veut d'avoir offert un tel désastre à ses enfants ... Elle n'en a pas fini , il va venir içi l'assassiner , lui ou elle sa compagne . Ou bien ce seront d'autres qui ne savent pas où se cachaient les ombres ... Les mots sont durs mais si vous saviez combien ils sont encore retenus par elle , encore ... Et elle ira encore plus loin malgré les menaces , il faut qu'elle guérisse de ces blessures qu'il lui a faites ...Ses mots seront ses pansements ...Elle doit guérir , c'est son devoir de mère même s'il rêve qu'elle crève sur un trottoir ...
Anne Chiffon
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