Le scriban ...Et le fauteuil incertain
Les bras du fauteuil à l'assise confortable se tendent vers Anne Chiffon l'invitant à l'écriture .
Les crins et le chanvre lui piquent soudain le derrière traversant le velours écorché mais elle ne dit rien , on ne saurait s'agacer d'un tel privilège , d'une telle invitation à l'introspection ...
Mais rien à faire son esprit ne parvient pas à se fixer ...Ses fesses quasi transpercées ; elle ne cesse de se tortiller et ses idées sont davantage prises par cet inconfort que par la page blanche posée sur le scriban ouvert en grand telle une bouche affamée .
Anne Chiffon tente désespérement d'oublier le supplice affligé à ses arrières pour se concentrer de toute son âme . Dans ce discret cabinet où flotte le parfum doux des cierges , la lumière tamisée par un store de lin délicatement baissé à hauteur du regard et le bouquet grâcieux de fleurs orientales ; tout n'est que volupté , élégance et silence ouaté ... Tout en ce lieu est un chapitre à entreprendre , un premiers vers à lancer , une partition à s'inventer mais rien n'y fait ; malgré la plus profonde des volontés le bas envoie vers le haut de tels signes de détresse qu'il lui faudra abandonner la feuille blanche et de colère fermer la bouche béante du scriban .
Demain elle reviendra , un coussin sous son bras , son thermos d'Orange Pekoe et quelques scones dans son panier élimé et reprendra son voyage ...Assise confortablement entre les bras acceuillants de monsieur Scriban .
A moins qu'il ne soit trés faché et n'ai pas compris ...Il faudra sans doute qu'elle lui explique car elle sait bien que les fauteuils et les scribans sont comme les murs ils n'oublient jamais . Anne Chiffon