Gonzague ....
Passer devant et le regarder du coin de l'oeil , s'approcher et mieux le regarder , faire quelques pas en arrière et la main sous le menton se dire quel beau cavalier !
Puis aller voir Espérance et prendre la tasse de café qu'elle lui tend , pousser le gourmandise jusqu'à accepter une tendre viennoiserie : " Il fait si froid ce matin madame Chiffon !" et lui sourire pour la remercier .
Anne Chiffon revient vers ce cavalier , ses bottes de cuir à lacets , au cuir couleur de miel lui rappellent ces matins où il lui suffisait d'enfiler les siennes et d'y entrer le bas de son jodhpur pour devenir en un couplet de secondes l'amazone des bois de Franchard . En fermant les yeux elle laissa revenir en sa mémoire le parfum des écuries , mélange de foin , de paille , de graisse , de goudron , de cornes brûlées aprés le passage du maréchal ferrand , de robes étrillées , de crin lavés , de couvertures , de maroquin , de bois , de fer ; toutes ces odeurs brutes et sensuelles qui rappellent l'unité entre l'homme et son cheval .
Puis les sons : le claquement des bottes sur les pavés , et celui des fers de la monture tenue en main , les brides envolées au dessus de l'encolure , le souffle , le halètement , l'ébrouement du cheval une fois le cavalier en selle ; les cliquetis des boucles de l'harnachement .
Elle entrouve ses yeux et fait face alors au cavalier . Homme ou femme ?
L'élégance de la tenue , la posture , la frêle carrure , le visage enguleux semblent être la femme incarnée et pourtant au delà du gilet de velours capucine , la cravache de part sa tenue dans les mains graciles ne laisse plus aucun doute , elle le regarde droit dans les yeux , fixant le vert moucheté de ses iris et se retourne vers Espérance arrivée en silence ...
Comme cet homme est beau ...Anne Chiffon s'éloigne et le baptise aussitôt , avant d'aller embrasser son bel Armand .
Il ne peut avoir qu'un seul prénom et celui çi sera : Gonzague .