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L'heure des thés d'ANNE CHIFFON .
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L'heure des thés d'ANNE CHIFFON .
11 novembre 2009

Le passé revisité .

Plonger dans l'histoire main dans la main avec petit chou dans ce matin froid de novembre fût une expérience émouvante .P1020505

Oui cette journée de commémoration lui a ouvert les yeux sur leur histoire , la grande Histoire ; celle qui a bouleversé le monde et emporté dans sa chair des hommes , des jeunes , des pères .P1020500

Quand la sonnerie aux morts s'est élevée , ses yeux se sont voilés . Combien de femmes à cette heure matinale pleuraient de bonheur à l'idée de retrouver qui un fils , qui un époux , qui un père , qui un frère , qui un fiancé . C'était il y a tant d'années et pourtant sans eux se pourrait être encore aujourd'hui et l'émotion était grande face à cette date jusque là si peu présente ...

C'est grâce à son petit chou , petit louveteau invité avec sa meute à être présent aux côtés des officiels , qu'elle est entrée de plein fouet dans cette histoire soudain si présente .P1020571

Les enfants ont chanté , les enfants n'ont pas bougé , les enfants ont retenu leur souffle , les enfants ont écouté , les enfants ont compris ce qu'était que ce jour du 11 novembre .

Une commémoration qui les a marqués ...P1020570

Elle a pensé à toutes ces années où elle voyait les fleurs faner aux pieds des monuments , tristement ...Ce matin ces fleurs ont rendu la vie à tous ces hommes morts pour leur liberté d'aujourd'hui et c'était loin d'être triste . Emouvant mais vivants pour toujours .

Et pour finir comme les officiels , les petits loups ont eût le privilège d'être conviés à partager quelques canapés et des sodas , impressionnés mais trés joyeux de se promener ainsi au milieu des uniformes et de toutes ces grandes personnes ..." Dis , maman je peux dire bonjour au Maire ? " ...

P1020588

Anne Chiffon

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Commentaires
B
je pense que pour ces petits louveteaux, c'est un moment marquant meme si tout n'est pas compris....sur le moment! Il y a un temps pour tout!
L
je me rends compte aussi combien pour mes enfants cela n'a pas assez de signification malgré les explications, les interpellations sur le sujet, sur les célébrations... et en plus nous sommes dans une région (la Somme) qui a payé un cher tribut en vies humaines. Notre société de consommation a perdu la mémoire et en plus ne permets plus à tous les jeunes gens ne serait-ce que quelques semaines de se consacrer à sa patrie et après on se demande ce qu'est l'identité nationale... alors que justement ces moments contribuaient à rassembler toutes personnes de toutes origines... Mais je continue surtout avec petit dernier à inlassablement expliquer...
P
Important ces moments, encore mieux que les enfants puissent y participer! Ici, les écoles ne sont pas en congé bien que ce soit journée fériée pour bien des parents. Dommage!
I
nous nous rappelions ce soir avec mon chéri que quand nous étions petits nous allions le 11 novembre au monument aux morts pour cette cérémonie, nous vendions aussi des bleuets après la messe ... je trouve dommage que ces devoirs de mémoire s'oublient avec le temps qui passe même s'il faut^peut-être passer à autre chose mais ne serait-ce que pour la mémoire de tous ces hommes morts pour la France
P
Pour votre fils, cet extrait d'un livre...<br /> <br /> Le Onze Novembre. Avec les écoliers rassemblés sous le monument aux morts, écharpe à ras ton nez rougi, touillant du bout de la galoche le gravier gris du cimetière, dans le silence des regards baissés, tu entendais sans bien comprendre le clairon corner lentement la lugubre sonnerie « Aux Morts ». Ce monument couvert de noms en colonnes, sagement gravés au sang (et pourquoi parlait-il d’enfants morts, il y avait là comme une antinomie ; tu l’aurais peut-être comprise si tu avais su qu’avant de mourir, ils criaient parfois maman). Ce monument ceint de quatre obscènes obus liés par d’énormes chaînes marronnasses, montrant une mère muette les yeux dans les mains, tête penchée sur le cadavre de son petit soldat de bois mort couché raide en sa capote de pioupiou. Ce monument entouré d’hommes au regard fixe pour ne pas être perdu, jeunes alors, qui vieilliraient à la même place, un peu ridicules d’encore cacher leurs larmes derrière une moustache tremblante face à des gens dont l’indifférence polie croîtrait avec le temps, allant jusqu’à les supposer responsables d’une guerre qu’ils avaient faite malgré eux. Ils portaient des médailles forgées du métal qui avait tué leurs frères de la boue. Ils portaient des drapeaux dont le rouge rappelait leurs pantalons garance, qui fournirent si belles cibles aux balles ennemies et si bon argent aux filatures de l’arrière. Ils portaient l’auréole d’une gloire tressée par des pouvoirs soulagés de ne pas devoir rendre aux morts des comptes de l’ignominie qui avait brisé leur jeunesse, brisé celle de leurs amours statufiées en éternelles veuves de guerre, brisé la vieillesse de leurs parents soudain orphelins, brisé l’enfance de leurs petits condamnés à grandir sans la force d’un père.<br /> Tu les voyais agrippant des drapeaux, coiffés de calots que l’âge ferait glisser de traviole, le bras confisqué par un obus, le visage haché par un éclat de mitraille, la jambe égarée quelque part dans un champ pourri des Ardennes, dans ces forêts dont les arbres de maintenant ont pour sève le sang des morts de jadis, dans ces pays de cauchemar ouverts à tous vents d’invasion et crevés d’âge en âge par des hordes accourues de l’Est. Mais si le corps se tenait là devant toi, droit comme un if, ou appuyé sur un pilon, ou pire voituré par un proche, l’âme courait toujours cette terre de déraison, Côte de l’Homme Mort ou Chemin des Dames – beau nom pour le plaisir – et l’horreur qu’ils y trouvèrent.<br /> Un jour tu vis une carte postale : le petit Pierre à genoux dans son blanc lit-cage, chemise aux plis sages, yeux clairs pointés au ciel, priant Dieu que Papa soldat revienne. (Celui-ci, en surimpression de la bercelonnette, la moustache bien lissée, lisait attendri une lettre de la mère sur fond de verdure mirlitonnante – alors qu’il pataugeait dans l’indescriptible). Bon sang, ce n’était pas à Lui de l’exaucer, mais à Guillaume, à Joffre, à Nivelle, à tous les autres, à toutes les badernes, à toutes les bedaines galonnées qui auraient été trop lourdes pour jaillir des tranchées, trop raides pour courir sous les rafales, trop délicates pour dormir sur la merde des feuillées ! Oh, rendre les pères, ils le firent. Dans un cercueil. Quand on le put.<br /> Tu t’étonnais de ce voisin dont le seul aliment était du lait : l’ypérite ne t’aurait rien dit. Son régime dura dix ans. Tu ne vis pas cette voisine, apprenant la disparition de l’aimé, glisser avec son sourire l’avis de décès sous une pile de draps, que l’un et l’autre n’en ressortent jamais (d’ailleurs, l’avait-elle vraiment reçu). Ni celui-là, arrêtant le travail un certain jour de l’année, non pour le repos mais par incapacité d’affronter autrement qu’à l’écart l’anniversaire de son innommable à lui, ainsi le chat s’isole quand il va mal. Le seul à te faire rire fut la forte tête qui, attendant vainement un ruban mérité, jurait de le refiler à son chien. Le jour enfin venu, il n’eut pas cette audace, s’en voulut, et cessa de plaisanter. Tu ne compris que bien plus tard le silence des hommes du village ou de la famille dès qu’on évoquait La Guerre, dont tu n’avais eu d’échos qu’assourdis : murés dans la douleur, déchirés entre le désir de chasser encore les ombres revenant chaque nuit et la peur de perdre à nouveau leurs voisins de souffrance, taraudés par l’idée que nul ne pouvait comprendre, et qu’au fond, tout le monde s’en foutait. Tu ne les entendras jamais parler des mutins de 1917, ni eux ni personne, d’ailleurs, qui le sut. Ceux-là, morts pour tous, morts pour rien. Pour rien ? Non, pour l’honneur des ganaches.<br /> Toute cette armée en gris sale dont tu ne découvris que bien plus tard l’immensité, tous ces hommes si nombreux et si seuls, la Grande Muette en avait fait des infirmes. Et surtout, des muets.
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